La demande de davantage de représentativité des noires et des métisses dans les médias est désormais clairement posée après la publication d’un article plutôt affligeant dans le ELLE France du 13 janvier 2012, et dont le titre était « Black Fashion Attitude ». Ou quand un article relance un débat de société qui comme vous ne l’ignorez désormais plus, ne date pas d’hier…
Pour la petite histoire, le papier dont l’idée de base était de parler des nouvelles It-girls noires et de leur influence sur les tendances mode, accumule les aberrations et autres expressions douteuses, stigmatisant ainsi une population qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Autant le dire, pour une fois qu’on parlait des filles noires, il s’agit d’une vraie cata!!!
Le magazine qui s’est depuis, excusé à maintes reprises, n’en finit plus de se prendre des claques en pleine figure… Pour ultime preuve, cette tribune parue ce matin dans le Monde, intitulée « A quand une femme noire en couverture de ELLE ? » et signée par des personnalités françaises telles Sonia Rolland, Audrey Pulvar, China Moses, etc.
Quelque part, je vous dirais que je suis presque contente qu’il y ait eu cet article -paru qui plus est dans un magazine de renom- car 1) vu le buzz, plus personne ne pourra dire qu’il n’y a pas de problème et 2) il permettra, j’ose y croire, d’entamer une véritable réflexion sur ce sujet pour le résoudre à grande échelle. Car il n’y a pas que la ligne éditoriale du ELLE France qui doit être remise en cause ; en effet, d’autres médias devraient aussi penser à balayer devant leur porte !!! Prenons un autre exemple ‘au hasard’ : ELLE Belgique et son édition de juillet 2011 avec Naomi Campbell en cover. Cette mise à l’honneur d’une femme noire était une première en cinq années d’existence du mensuel. Je me souviens encore de mon excitation en courant chez mon libraire pour acheter ce ‘collector’. Hélas, ma joie ne fût que de courte durée…
Jetez juste un coup d’œil au titre : Naomi y est une fois de plus présentée comme « la panthère » de service. Quoiqu’elle ait eu de la ‘chance’ sur ce coup-là car en général, on l’affuble plus volontiers du qualificatif de « tigresse »… Quant au rédactionnel, il était résumé à… une page d’inventaire du contenu de son sac à main et ses quelques trucs et astuces pour rester en forme… UNE PAGE!!! Alors qu’il y a tant de choses qui auraient pu/dû être évoquées parce qu’elles intéressent un large lectorat féminin friand de ce genre d’articles et ce, quelle que soit la couleur de la peau ! Naomi fait partie de ces filles (les super tops des 90’s) qui ont fait rêver toute une génération dont je fais partie et sur lesquelles il y a tellement à dire… Parmi ses centres d’intérêt, on aurait ainsi pu mentionner sa fondation Fashion For Relief, son souhait de créer une agence de modelling où tous les types de beauté seraient représentés, le secret de sa longévité sur les catwalks, ses conseils en tant que top parmi les tops pour les apprentis mannequins, son engagement dans d’autres œuvres caritatives, la difficulté de se faire une place dans le milieu très dur de la mode, sa vie mondaine avec son milliardaire russe et j’en passe… Bref, on appelle ça une occasion manquée !!! A l’époque, j’avais d’ailleurs fait part de mon sentiment au ELLE Belgique. En guise de réponse, on m’avait juste informée de la bonne transmission de mon message à la rédaction… Plus rien depuis. Dommage…
Cependant, je reste optimiste. Oui, j’ose croire qu’un changement culturel voire sociétal est possible et que nous gagnerons aussi ce combat-là! Ne dit-on d’ailleurs pas que c’est de nos erreurs qu’on apprend le plus ?
A bon entendeur…
Pour lire la tribune parue dans le journal Le Monde (31 janvier 2012), cliquez ici. Pour en savoir plus sur Naomi Campbell, cliquez ici.
A lire également: la lettre ouverte au ELLE du webzine Afrosometing.
Source (photo): © elle.be/ Kayt Jones / Tous droits réservés ©.
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