C’était il y a quelques mois, dans la rubrique « Le Blog du mois » du ELLE Belgique,  je découvrais l’univers de Valentine Avoh, une Nappy girl pleine de style et de talent! Passionnée de mode, elle travaille comme styliste et photographe entre Bruxelles, Milan et Paris. Autant dire que les endroits les plus hype de la fashion sphère n’ont plus de secrets pour elle !. Et parce qu’elle est généreuse, Valentine a lancé son blog pour partager avec nous ses coups de cœur, les anecdotes des défilés, ses photos street style mais aussi son travail personnel et encore bien d’autres choses… Entretien.

Peux-tu te présenter en quelques mots?

Je m’appelle Valentine, je suis belge d’origine ivoirienne. Je suis une styliste avec une grande passion pour la photographie…Je me dis que j’ai de la chance car je n’ai pas encore dû choisir entre les deux…

D’où te vient cette passion pour la mode?

C’est plus une passion pour l’artisanat que pour la mode. J’ai toujours aimé fabriquer des trucs, et j’ai appris très tôt à coudre ce qui fait que c’est cette voie que j’ai choisie par la suite, mais j’aurais pu faire tout autre chose tant que cela m’aurait permis de développer ma créativité. Pour mener à bien ce projet, je suis partie à Londres après ma dernière année de secondaire pour étudier le stylisme. J’y suis restée un peu moins de six ans. Ensuite, j’ai travaillé un petit peu à Paris et maintenant je vis en Italie, à Milan où je poursuis mes activités.

Ce qui me plait dans la mode, c’est le fait qu’une simple robe – quand elle est bien faite – peut transformer une femme et l’estime qu’elle a d’elle-même. Mais ce que j’aime surtout c’est le travail que nécessite la fabrication d’un vêtement…La couture, les toiles, les essais, les patrons, c’est tout un monde.

Comment t’es venue l’idée de faire ce blog?

J’ai créé ce blog entre deux boulots. Comme j’ai toujours voyagé, j’ai pensé que ce serait génial de partager mes aventures, tout d’abord avec mes amis et mes proches, mais aussi avec tous ceux qui seraient intéressés par le milieu de la mode, les voyages, la photographie, etc… Et avec mon expérience dans différentes maison de couture, j’ai eu envie d’ouvrir une fenêtre sur ce monde en partageant ses secrets et anecdotes, le tout sans se prendre la tête car la mode après tout, n’est pas à prendre au sérieux.

Peux-tu nous décrire ton travail à côté du blog?

A la base, je suis styliste. Je n’ai pas encore de ligne concrète mais je réalise des robes de mariées sur mesure. Grâce à mon blog, j’ai pu aussi faire évoluer ma passion pour la photo en un véritable travail car depuis peu, on m’appelle pour couvrir des événements de mode et de design mais également pour mes photos de street style que je réalise pendant les semaines de la mode. J’ai ainsi eu l’occasion de vendre plusieurs photos.

Que penses-tu du retour en force du naturel chez les filles noires et métisses? Est-ce qu’il se traduit dans le milieu de la mode également?

Pour moi, il me semble tout à fait naturel d’être naturelle 😉 Je suis contente que une femme noire puisse déambuler avec ses cheveux naturels ou crépus sans avoir à se justifier sur le pourquoi du comment. J’ai remarqué que les Blancs étaient plus ouverts aux cheveux crépus car vu que nous sommes Noirs et donc différents, ils s’attendent bien à ce que nos cheveux soient aussi différents. Et en général, ils aiment. Dans la communauté noire par contre, c’est partagé. Il y a ceux qui aiment et ceux pour qui le défrisage fait la loi. Mais bon, en même tant là je parle de mon expérience… Moi j’aime et c’est ce qui compte !.

Dans le milieu de la mode on a de la chance car tout ce qui pourrait sembler extravagant ou différent pour la plupart des gens, ici, semble tout à fait normal. Il y a des naturelles et des défrisées, des rasées et des tressées… Mais tout cela parait bien anodin à coté des cheveux en crête ou teints en rouges ou encore, de certains accoutrements que l’on croise parfois…Tout ça pour dire que  le retour au naturel n’est pas vraiment souligné.

Mais pour moi l’afro c’est presque un atout car avec ce type de coiffure, les gens se souviennent plus facilement de toi…

Où en es-tu dans ton propre parcours ‘nappy’?

J’ai arrêté de me défriser il y a environ trois-quatre ans car j’en avais marre. Marre du défrisage en tant que tel, marre de me brûler, marre d’avoir peur du vent au risque d’avoir l’air d’un balais. Marre du fer, des bigoudis et tout le tralala. Donc je me suis dis, si je laisse mes cheveux naturels, j’éliminerai au moins la moitié de mes problèmes. C’est ainsi que j’ai fait une transition même si à l’époque je ne savais pas du tout ce que c’était… Ensuite je me suis laissée convaincre par mon coiffeur et j’ai fait un traitement au texturizer (*)… J’avoue que je n’ai rien de mal à dire là-dessus. J’avais un bel afro souple et volumineux. J’ai fait ça pendant un peu moins d’un an. Mais le problème est que j’avais peur qu’à force de ‘texturiser’, je défrise mes cheveux.

J’ai alors décidé d’arrêter et entamé ma seconde transition. Depuis, je suis 100% naturelle. Question routine, je me lave les cheveux une fois par semaine. Après le shampoing je fais des twists que je garde pour dormir, et je passe la semaine en mode twists (pour aller à mes cours d’italien) ou en afro lâché. Selon l’état de mes cheveux, je mets un bandeau ou des pinces (souvent en fin de semaine).

Sinon, je ne vaporise pas tous les jours car j’oublie souvent (ah tiens je devrais aller le faire maintenant, tiens!) Quand je suis en forme ou lorsque j’ai des rendez-vous importants le lendemain, je me fais des twists avant de dormir, sinon je me mets juste un foulard sur la tête.

Que peut-on te souhaiter pour l’avenir?

La santé. Pour le reste c’est à moi de bosser ;-). J’aimerai développer tout ce que je fais aujourd’hui, c’est à dire mes créations, la photo et l’écriture…

(*) Texturizer : traitement chimique qui consiste à détendre les cheveux en préservant leurs ondulations naturelles

Pour suivre les pérégrinations de Valentine Avoh à travers son blog, cliquez ici. Pour en savoir plus sur son travail personnel, cliquez ici.

Source (photo) : © Fabrizio Fichera / Tous droits réservés ©.