Comment prendre soin des cheveux crépus des petits, voilà une question que l’on me pose souvent, que mes parents se sont eux-mêmes posés à l’époque, à de nombreuses reprises… Et pour laquelle le dialogue et le partage jouent un rôle primordial. Car en effet, il importe dès le plus jeune âge d’apprendre aux enfants à apprivoiser leur nuage de coton afin de leur éviter ce que les générations précédentes ont subi, en termes de mésaventures capillaires pas toujours des plus heureuses. D’où cette envie de donner la parole à Laetitia, la maman d’Anaïs et Maité qui ont remporté le prix « Ethno Nappy Hair », lors de la dernière édition de l’Ethno Tendance Fashion Week. Merci à elle d’avoir accepté de partager sur ce blog, un petit bout de l’aventure capillaire vécue avec ses filles…
Quelles sont les questions les plus fréquentes que te posent tes filles à propos de leurs cheveux?
Existe-t-il un produit magique qui démêle ou lisse les cheveux tout seul ?
Peux-tu me lisser les cheveux ?
Maman, as-tu une idée de coiffure ?
Comment faire pour que ma mèche devant tienne toute seule à plat ?
Pourquoi la longueur de mes cheveux n’est pas la même partout ?
Pourquoi mes cheveux ne sont-ils pas comme mes copines, coiffés en 5 minutes?
Et quelles réponses y apportes-tu? Quels sont tes trucs pour leur apprendre à aimer leurs cheveux?
Tout d’abord j’insiste sur le fait que les produits lissants sont extrêmement chimiques et toxiques pour les enfants et que ces produits peuvent nuire à leur santé sur le long terme. Je mets à leur disposition des sprays démêlants à base d’huiles mais sans sulfate, sans paraben, sans pétrole. Il est important pour moi de les sensibiliser sur l’apprentissage des produits naturels. Et de leur expliquer que cela ne coûte pas forcément plus cher!
A titre exceptionnel, elles font des brushings au salon de coiffure pour qu’elles puissent aussi voir qu’il est possible de se lisser les cheveux occasionnellement, sans produits chimiques. Quand elles sont à court d’idées de coiffure, nous recherchons ensembles des images de coiffure sur internet. Nous redécouvrons ensemble la diversité des coiffures sur cheveux crépus comme l’Afro, les tresse, les chignons,…. Je leur dis toujours que le gros avantage du cheveux crépu est qu’il n’a pas besoin de laque. Il prend la forme qu’on lui donne. Grâce au peigne à larges dents, je leur montre comment égaliser la coiffure en démêlant bien chaque partie. Puis je mets l’accent sur l’accessoire qui peut les aider à varier la coiffure ( un foulard de tête, des pinces, des élastiques,….) ou leur montre comment une simple petite pince fleurie peut aider à maintenir une mèche.
Je commence aussi à leur expliquer que l’entretien de leurs cheveux demande du temps, et qu’il faut le planifier au quotidien, au même titre que toutes les autres activités. La question identitaire revient souvent bien-sûr. Ayant moi-même la chance d’avoir des origines africaines, j’ai très vite pris en charge ces questions. Il est important de leur apprendre à être fières de ce qu’elles sont, malgré les différences.
Comment leur expliques-tu justement cette différence capillaire ?
Dès leur plus jeune âge, je dirais 3-4 ans, je les ai habituées au look Nappy Hair . Elles ont très vite été confrontées au regard des autres : les copines de classe impressionnées par le volume et qui veulent toucher leur tête, les remarques négatives agaçantes, les compliments aussi…
J’ai dû tenir bon car déjà à 5 ans c’était tellement difficile qu’elles voulaient changer de cheveux à cause de certaines remarques pesantes. Mais aujourd’hui, le résultat est qu’à l’âge de 9 ans, elles ont dépassé le stade du « Qu’en dira-t-on? » et s’acceptent comme elles sont, il n’y a plus de honte à être Nappy Hair.
Au quotidien, as-tu mis une routine capillaire en place? As-tu reçu des conseils de la branche africaine de la famille par exemple…?
J’ai la chance d’avoir une maman métisse qui a pu me donner quelques conseils comme celui d’utiliser des produits naturels. La routine capillaire je l’ai perfectionnée grâce au Club des bouclés. Cela m’a éveillé sur le principe de base des soins, de l’hydratation et du scellage de l’hydratation. J’ai perdu beaucoup de temps à noyer leurs cheveux d’huile pour un cheveu brillant en oubliant que les cheveux avaient besoin d’eau pour être hydratés. Depuis, je dépense beaucoup moins d’argent dans les produits pour une routine plus efficace.
Concrètement, leur routine se compose des produits suivants: un shampoing une fois tous les 15 jours en hiver et une fois par semaine en été, un après-shampoing démêlant , une crème hydratante, un peu d’huile pour sceller l’hydratation, un massage de la pré-pousse au beurre de coco avant chaque shampoing et un gommage capillaire deux fois par an.
Quels produits utilises-tu? Anaïs et Maité ont-elles déjà leurs produits chouchous ?
Le beurre de coco et de Karité pour Maité et l’huile d’amande douce et de Monoï pour Anaïs sont vraiment leur base pour les massages des racines et pour sceller l’hydratation. Le spray démêlant de Aullyn Cosmetics est vraiment parfait pour les soins quotidiens car il hydrate et adoucit. Le shampoing et l’après-shampoing Activilong ( sans paraben, sans sulfate) conviennent très bien. Faute de temps, Je n’ai malheureusement pas encore expérimenté la fabrication de produit ( avocat, mayonnaise, œuf, huile,…) mais cela sera une prochaine étape à partager ensemble avec mes filles.
Si un jour, l’une de tes filles émet malgré tout le souhait de se défriser les cheveux, que lui répondras-tu?
Je redoute l’adolescence où elles pourraient décider de les défriser. Je ne peux pas leur jeter la pierre car les codes de beautés dans les écoles et la vie professionnelle sont majoritairement caucasiens dans ce pays. Mais je leur dirais simplement que mettre en avant leur code de beauté africaine et plus particulièrement leurs cheveux, c’est aussi une sorte de sensibilisation auprès des différentes communautés pour la valorisation de leur origine. Et que je serais très fière si elles pouvaient l’assumer et le vivre pleinement tout en étant bien dans leur peau… A ce sujet, je suis très frustrée de ne pas avoir trouvé sur le marché des tête-à-coiffer avec cheveux crépus pour jouer à tresser où à coiffer l’afro, car ce jeu pourrait aider de nombreuses petites filles à se familiariser avec leurs cheveux.
Quels seraient les conseils que tu donnerais aux parents d’enfants dont les cheveux sont crépus ou très frisés?
Je leur dirais de ne surtout pas essayer de perdre de l’énergie et de l’argent pour les faire ressembler à Ken ou Barbie, au risque de voir des complexes se développer chez l’enfant. Au pire, par facilité une jolie coupe courte est très jolie.
Ensuite, je recommanderais de se rendre aux conférences* qui éveillent sur le traitement des cheveux crépus dans notre pays. On y rencontre aussi beaucoup de personnes avec qui on peut partager son expérience. Car le soin du cheveux crépu dans un pays froid est très différent du soin prodigué dans un pays au climat chaud et humide. Par expérience, je sais désormais que suivre à la lettre les conseils de soin de cheveux d’une grand-mère ayant vécu en RDC n’est pas toujours approprié pour notre climat belge et par ailleurs, il n’y a pas qu’un seul type de cheveu crépu… J’ai donc appris à m’adapter !
*Retrouvez toutes les informations sur la 1ère édition belge de « Stop The Lye » ici. Pour en savoir plus sur le Club des Bouclés, cliquez ici.
Source : Photos: © Laetitia Essikov, © nappyisbeautiful.be / Montage : © nappyisbeautiful.be – Tous droits réservés ©.
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